Introduction
Dès les débuts du cinéma, les romans de Jules Verne ont intéressé les cinéastes. Un numéro spécial de L'Ecran Fantastique [1] mentionne sans commentaires des adaptations du roman Michel Strogoff, dont le premier est sorti sur les écrans américains le 15 avril 1908. Le site de Turner Classic Movies (www.tcm.com) mentionne Essanay Film Mfg. Co. comme producteur et distributeur, confirmé par IMDB (Internet Movie Database). Cette première réalisation n'a pas laissé de trace, de même que la suivante, tournée en 1910, présentée comme une réalisation ambitieuse par L'Ecran Fantastique. Cette fois, TCM, appuyé par IMDB, indique le nom du metteur en scène, J. Searle Dawley et la société Edison comme producteur. IMDB ajoute les noms de quatre acteurs sans préciser quels rôles ils ont joués. La troisième réalisation américaine, sortie le 19 octobre 1914, est mieux documentée aussi bien dans IMDB que dans TCM, qui indiquent les noms du metteur en scène et des acteurs avec leurs rôles respectifs. Si les deux films de 1908 et 1910 sont considérés comme des courts métrages (une seule bobine), celui de 1914 semble être nettement un long métrage remplissant 5 bobines.
La première réalisation importante date de 1926. Ce film français, sous la direction de V. Tourjansky [2], avec le grand acteur du cinéma muet Ivan Mosjoukine [3], dans le rôle de Michel Strogoff, est en noir et blanc, avec des portions successives colorisées. Les scènes de bataille sont impressionnantes, et l'adaptation suit fidèlement le roman [4].
Au cours des années 1930 et 1940, avec Joseph N. Ermolieff on va assister cette fois-ci à quatre grandes adaptations du roman de Verne pour le cinéma parlant.
Ce fut d'abord un livre passionnant. Puis une sorte de féerie théâtrale à l'usage d'une jeunesse extasiée. C'est aujourd'hui un film qui en élargit l'action aux mesures d'une épopée.
C'est en ces termes que Jacqueline Lenoir commence en avril 1936 l'article pour la revue Cinémonde dans lequel elle fait un commentaire élogieux du film Michel Strogoff sorti sur les écrans parisiens [5].
En février la même revue avait présenté des photos des principaux acteurs et Max Labiche avait déclaré, au-dessus d'un grand sous-titre "Avez-vous lu Michel Strogoff ?" ce qui suit :
Il était une fois un monsieur fort digne et riche en imagination qui écrivit les contes des mille et une extravagances.
Grâce à lui, les hommes vécurent vingt mille lieues sous les mers ou s'envolèrent à bord d'oiseaux métalliques à la conquête de la maison Zéphir et Cie...
... mais Jules Verne ne sut pas anticiper dans le domaine de l'image ; l'homme qui avait tout prévu, qui jonglait avec les tubes d'oxygène, les nuages et les taches de la lune, n'avait pas pensé à la petite tache blanche de l'écran...
On en fit une pièce de théâtre, et toutes les scènes de province furent révolutionnées par les fusées d'artifice qui simulaient le bombardement de la ville ; on ne compte plus les yeux cruellement crevés à Montfort-les-Fougères, ou à Villefranche-les Belles-Feuilles, ....
... Un véritable scénario, vous dis-je, fuite sur les glaces, supplices raffinés, situations cornéliennes, avec cavalcade, camps de Tartares et reporters-petits-rigolos.
Le film, aujourd'hui, va donner à Michel Strogoff son véritable visage [6].
De son côté Jean Tulard, en 1990, en parle de la façon suivante :
La meilleure des adaptations du célèbre roman. La qualité des images crée un véritable dépaysement [7].
Mais a-t-il vu le film ? Né en 1933, il peut difficilement avoir vu le film à sa sortie. Nous avons été dans l’incapacité de retrouver trace d'un exemplaire de ce film. Existe-t-il encore une copie quelque part, que Jean Tulard aurait pu visionner ?
Qui est Iossif Nikolaïevitch Ermoliev ?
Né en mars 1889 à Moscou, Iossif Nikolaïevitch Ermoliev (Figure 1) [8] (qui se fera appeler Joseph N. Ermolieff par la suite) fait des études de droit, mais commence à travailler très jeune — il a tout juste 18 ans — comme projectionniste de cinéma, engagé par la filiale russe de la compagnie Pathé. Il en devient rapidement le directeur général, puis il crée avec d'autres associés une société de production de films muets. Il sera d'ailleurs décoré par le Tsar pour ses travaux dans le domaine de la photographie [9]. Président de l'Union des producteurs russes, il crée en 1915 une nouvelle société, la Compagnie I. Ermolieff et produit alors plus d'une centaine de films.
Figure 1. Joseph N. Ermolieff |
Après la révolution d'Octobre, il quitte Moscou et s'installe provisoirement à Yalta. Mais Lénine envisage de nationaliser l'industrie cinématographique, ce qui sera effectif en 1920 ; alors Ermolieff avec toute son équipe, acteurs et techniciens du cinéma, quitte la Russie et s'embarque sur un cargo et, après quelques péripéties, ils débarquent en France. Ivan Mosjoukine faisait partie du voyage et dans son livre Quand j'étais Michel Strogoff [10], il raconte les difficultés de ce périple :
Aussi un matin de 1919 nous embarquâmes-nous pour une destination inconnue. N'importe où, pourvu que nous quittions immédiatement cet enfer. La troupe comprenait Iuossef Ermolieff, notre patron, les metteurs en scène Alexandre Volkoff et Iacob Protozanoff, le décorateur Alex Lochakoff, les opérateurs Nicolas Toporkoff et Fédote Bourgassoff, notre régisseur général : le Prince Victor Sviatopolk-Mirsky, enfin Nathalie Lissenko, Nicolas Rimsky et moi. Nous débarquâmes à Constantinople, où nous entreprîmes immédiatement un autre film... Mais nous ne pouvions pas nous éterniser à Constantinople, ville qui ne possède aucun studio cinématographique utilisable. Nous avions entendu parler maintes fois des nombreux théâtres de prises de vues qui existent en France, ..... Alors, de nouveau, le bateau, la mer, la liberté, le soleil et enfin Marseille : la France.
En arrivant à Paris J.N. Ermolieff prend contact avec son ancien employeur Pathé, et à Montreuil, en banlieue parisienne, il va pouvoir occuper les anciens studios (Figure 2) de la société [11]. Il signe un contrat avec Charles Pathé, avec location du studio et avec Alexander Kamenka [12], qui a fui la Russie avec lui, il crée alors une société par actions, la Société Ermolieff-Cinéma.
D'après Charles Vanel,
...c’était plein d’émigrés qui couchaient dans les loges parce qu’ils ne savaient pas où aller […]. C’était bourré de gens très bien, des ex-fonctionnaires, des avocats, des médecins… Le tailleur et raccommodeur était un général tsariste ; le cuisinier, un pope ; le chef machiniste, un colonel cosaque ; l’électricien, un prof de physique à l’université de Moscou. Tout cela parlait russe [13].
Mais en 1922 Ermolieff part en Allemagne, et ses associés, Alexandre Kamenka et Noé Bloch, restés en France, récupèrent ses parts et fondent alors une autre société qui va jouer un grand rôle dans le cinéma français, la Société des films Albatros. Cette société sera active jusqu'en 1958, date de sa liquidation. Le fond cinématographique, de grande qualité, de cette société sera repris par la Cinémathèque française, Henry Langlois, son fondateur, ayant noué de bons contacts avec Alexandre Kamenka dans les années trente.
Installé en Allemagne, Joseph Ermolieff réalise de nombreux films muets, puis l'arrivée du cinéma parlant et les troubles qui commencent à naître en Allemagne l'incitent à retourner en France. Il produit alors quelques grands films dont Michel Strogoff, un film (ou deux, à nouveau, là est toute la question) simultanément en version française et en version allemande. Mais Ermolieff a la bougeotte. En 1937 il part pour Hollywood. Il y réalise un autre Strogoff, clone des précédents, avec United Artist. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il remet ça au Mexique en 1943-44.
Ce grand producteur, à la carrière internationale, décède en février 1962.
S'agit-il de un, deux, trois ou quatre Michel Strogoff produits par Ermolieff ? Rendons un peu plus clair cette “salade — comme aurait dit Eddie Constantine en Lemmy Caution — cinématographique”.
Michel Strogoff, version française
Pour la réalisation de ce film tourné en Allemagne en 1935, J.N. Ermolieff s'appuie sur la direction de Richard Eichberg [14] comme metteur en scène et Jacques de Baroncelli [15] supervise la version française (Figures 3 et 4).
Figure 3. Richard Eichberg | Figure 4. Jacques de Baroncelli |
J.N. Ermolieff réalise deux films en même temps. Le premier en version française (Figure 5), et le second en version allemande. Il semble que la version française ait disparu, seule la version allemande existe encore.
Figure 5. Affiche française pour la sortie du film |
Pour le rôle titre, celui de Michel Strogoff, on va faire appel à un acteur qui commence à être connu en France, et qui va donc avoir la chance (?) de pouvoir tourner trois fois dans le même film, Adolf Anton Wolhbrück (Figure 6) [16]. Cet acteur autrichien débute avec le cinéma parlant en 1931, mais c'est le rôle de Michel Strogoff qui va en faire une vedette internationale. Il parle assez bien français, et va donc pouvoir jouer son rôle de Michel Strogoff parallèlement dans les deux versions.
Figure 6. Adolf Wohlbrück (carte postale avec autographe de l'acteur) |
La revue Filmwelt nous apprend ainsi que le tournage se fait dans les environs de Berlin, à Johannistal, et que si on regarde du bon côté depuis le camp
des Tartares on aperçoit les coupoles de la ville d'Irkoutsk, mais de l'autre "
Cette société de production TOBIS, ou Tonbild-Syndicat AG, avait été fondée en septembre 1928 par divers intervenants allemands de la jeune industrie du cinéma parlant. Elle regroupe alors les sociétés Küchenmeister, Ufa, Tri-Ergon AG, pour favoriser la recherche, le développement et la commercialisation des techniques et des matériels pour le cinéma parlant [18].
Le courrier du tsar,
malgré sa mission secrète, qui lui est imposée par le manuscrit, s'entretient volontiers avec le scénariste […]
Wohlbrück joue le rôle de Michel Strogoff dans les deux versions (allemande et française). Régulièrement avec les collègues de la version française qu'il croise sur le plateau il échange en français quelques mots gentils [19].
Contrairement à l'information donnée par Thomas C. Renzi [20], les deux films ont été tournés en même temps en 1935 et sont sortis en février - mars 1936, aussi bien en France qu'en Allemagne et en Autriche.
A côté d'Adolphe Wohlbrück, la version française du film fait appel à des acteurs français.
Les nombreux compte-rendus du film sont la plupart élogieux. Par exemple,
La donnée de Michel Strogoff est des plus photogénique : elle prête aux vues d'ensemble comme aux gros plans, au luxe de détails comme à celui des décors. Rôles tragiques et rôles comiques se mêlent sans se nuire ; le romantisme, l'amour maternel, la bravoure, la cruauté, la tendresse se partagent tour à tour les scènes et les cœurs. Charles Vanel est excellent parce qu'il ne force point un personnage qui eût semblé excellement démodé. Wohlbrück est sportif, ardent, mais sobre d'expressions et de gestes. Armand Bernard et Charpin campent un couple franco-anglais de reporters dont les répliques sont de tous les temps et la mise en scène a respecté le style d'épopée du livre, l'atmosphère héroïque de la pièce, fondus habilement pour les besoins du cinéma [27].
Les enfants de tout âge vont revoir Michel Strogoff. Cette histoire nous est si tendrement familière que, si l'on nous présentait un écran vide, nous le peuplerions des images désirées. L'interprétation du triomphe de Jules Verne est imprévue. M. Adolf Wohlbrück possède un physique avantageux dont il conçoit une juste fierté. De son corps athlétique sort, comme une souris d'une armoire, une petite voix basse et plaintive. M. Vanel, excellent policier, est un traître Ivan Ogareff un peu trop flic. Mme Colette Darfeuil, Sangarre peu farouche, ne peut faire exprimer à ses beaux yeux que : « Viens, joli blond. » Ces détails n'empêcheront pas Michel Strogoff d'attirer des foules rajeunies [28].
La mise en scène est aussi variée que riche. L'invasion des Tartares, l'incende d'Irkoust [sic] l'aveuglement du courrier, les fêtes au camp des Tartares ont été réalisées avec ampleur. Les chevauchées et les batailles — où la figuration n'a pas été ménagée — ont une bonne allure épique. D'autres scènes, plus sobrement traitées, telles que le supplice de Michel Strogoff ne manquent pas de pathétique. L'acteur allemand Adolphe Wohlbrück, à l'impassibilité un peu poussée, incarne le héros valeureux et pur dont tant d'enfants ont rêvé ! Charles Vanel, à son habitude, est avec sobriété le traître cent pour cent. Yvette Lebon est une touchante et blonde Nadia et Colette Darfeuil est l'élégante bohémienne aux rapides revirements sentimentaux. Deux comiques généralement appréciés, Armand Bernard et Charpin, assurent la partie souriante du film [29].
Comme une copie de cette version française reste introuvable, il n'en subsiste que quelques photographies et le programme (Figure 15) distribué lors du lancement du film. Ce superbe programme présente un bon aperçu du scénario.
Les Tartares ! Les Tartares !
... et dans l'immense steppe sibérienne, on peut entendre le bruit incessant, obsédant, grandissant, du galop effréné de l'envahisseur,...
La ville d'Irkoutsk est menacée. Dans cette ville réside le grand Duc, frère du tsar...
A Saint Petersbourg, dans son palais d'hiver le Tsar connaît le danger qui menace son frère et la Sibérie...Il faut trouver un homme capable de remplir cette mission exceptionnelle... c'est le capitaine Michel Strogoff...
Dans le train [Figure 15] qui l'emporte vers son dangereux destin, Michel Strogoff, devenu le marchand Nicolas Korpanoff, songe...
Absorbé par ses tristes pensées, il n'a pas remarqué la présence d'une femme élégante qui l'observe à la dérobée. C'est Sangarre, la maîtresse du traître Ivan Ogareff... Sangarre, espionne par amour, connaît la mission de Michel Strogoff. Si celui-ci ne prête aucune attention à Sangarre, c'est que ces regards sont attirés par une jeune fille, Nadia Fedorowna.... elle est très amusée par les discussions et les disputes de deux journalistes, le flegmatique Blount et le pétulant Jolivet...
A Nijni-Novgorod, les voyageurs sont invités à faire viser leurs passeports... ...Nicolas Korpanoff voyagera désormais accompagné de sa sœur...
Dans un camp tzigane,..., Sangarre rejoint son amant, Ogareff... Il lui ordonne de continuer le voyage avec Michel Strogoff et de s'emparer coûte que coûte des documents que celui-ci doit porter au grand Duc.
... Sur le bateau qui descend la Volga, Michel Strogoff et Nadia écoutent chanter les tziganes... Wassili (complice de Sangarre) fouille en vain la cabine du capitaine Strogoff...
Un ours savant, devenu furieux, ... se précipite sur Sangarre, qui pousse un cri. Michel Strogoff un poignard à la main, s'élance ... et délivre la jeune femme des griffes horribles de l'ours.
Remise de son émotion, Sangarre laisse entendre à Strogoff qu'elle l'a reconnu [Figure 17]. Celui-ci décide aussitôt de disparaître avec Nadia...
.... Une troïka identique à celle de Michel,.... est sur le point de les rejoindre...
Il arrive le premier au relais. Il est rejoint peu après par l'inconnu qui l'insulte... [Figure 18]
...Parvenu sur les berges du fleuve, Michel et Nadia n'ont que le temps de sauter dans un bac.... Mais les tartares ont aperçu ceux qui s'en vont... Michel Strogoff a reçu un coup violent qui le fait chanceler, il tombe dans l'eau. Nadia tombe aux mains des tartares...
Un berger... avait vu Michel, épuisé, ... et l'avait sauvé... [Figure 19]
...Il se fait conduire à Omsk dans une auberge... [Il va y croiser sa mère]
Pendant ce temps, Ivan Ogareff a reçu la visite de Sangarre qui le prévient de la présence probable de Michel Strogoff... Michel s'échappe par une fenêtre... Marfa ... est arrêtée.
Autour d'Omsk la bataille fait rage...Michel Strogoff a été aperçu, il n'a que le temps de brûler les précieux papiers... et il est arrêté...
Nadia et Marfa répriment difficilement leur joie en apercevant parmi les prisonniers Michel sain et sauf...
Ivan Ogareff compte sur Sangarre pour identifier Strogoff mais elle pensa qu'elle lui devait la vie. Elle est tombée amoureuse et elle ne le trahit pas......
Ivan Ogareff furieux devine la trahison... il obligera la vieille Marfa à reconnaître son fils, et cela sous la menace du knout...Michel Strogoff n'y tient plus. Il se précipite sur le bourreau...
... Le conseil tartare des khans [Figure 20] décide que Michel Strogoff subira le supplice horrible de l'aveuglement.
La face de Michel Strogoff s'est crispée de douleur. Sangarre a détourné les yeux. Le bourreau l'aurait-il donc trahie tout à l'heure lorsqu'elle lui a glissé dans la main un précieux collier ?
...Après de nombreuses et souvent douloureuses difficultés Nadia et Michel Strogoff parviennent en vue de Irkoutsk.
La fin de l'histoire est bien connue. Michel qui n'a pas perdu la vue, tuera Ogareff. Il recevra la récompense suprême des mains du Tsar au palais impérial à Saint Petersbourg, et il épousera Nadia (Figure 21).
du film en France |
Le scénario suit d'assez près le roman de Verne, mais certains personnages ont subi quelques changements, en particulier celui de Sangarre, à qui Eichberg et de Baroncelli donnent plus d'importance. A la différence du roman, la couverture de Strogoff est éventée dès le début par un espion présent au palais ; Sangarre, au début éprise d'Ogareff, qui compte sur elle pour obtenir les renseignements dont il a besoin, va tomber amoureuse de Strogoff, surtout après avoir été sauvée des griffes de l'ours sur le bateau. Elle paiera le bourreau pour qu'il fasse en sorte que Strogoff ne perde pas la vue. Les larmes de Strogoff ne semblaient peut-être pas suffisamment crédibles aux yeux du public des années trente ! Et elle se suicidera en quelque sorte — se faisant tuer par le bourreau qu'elle avait payé pour cela — quand Michel Strogoff partira au bras de Nadia pour tenter de gagner Irkoutsk.
Le film est annoncé dès avant sa sortie dans la presse. Ainsi le journal Le Matin du 14 février 1936, annonce :
Quand Jules Verne, en 1876, mit le point final à Michel Strogoff, qui allait être l'un de ces plus célèbres romans d'aventures, il ne prévoyait pas l'immense et durable succès qu'il s'apprêtait à obtenir.
Il aurait été sans doute bien surpris si on lui avait prédit que Michel Strogoff serait traduit dans toutes les langues, que d'incessantes rééditions seraient nécessaires pour satisfaire la curiosité de nouvelles générations et qu'une pièce en serait tirée dont la carrière se compte par milliers de représentations.
Tout prochainement, on verra la meilleure œuvre du célèbre romancier. Adolf Wohlbruck, l'admirable interprète de Mascarade, Charles Vanel, Armand Bernard, Colette Darfeuil, Charpin et Yvette Lebon composent l'éclatante distribution de cette grande production [30].
Le producteur organise avec la presse spécialisée sur le cinéma un dîner le mercredi 11 mars. Yvette Lebon et Adolphe Wolhbrück sont présents et au dessert un toast est porté au succès du film qui sort, en exclusivité, au cinéma Marivaux à partir du vendredi 14 mars 1936 [31].
Ce film sera projeté dans toute la France. L'illustré du Petit Journal (Figure 22), en parle en ces termes :
Nous allons voir à l'écran « Michel Strogoff ».
Jules Verne devait tenter les metteurs en scène de cinéma et, parmi les immortels chefs-d'œuvre du grand romancier d'aventures, « Michel Strogoff », plus que tout autre, offre un vaste sujet pour le nouvel art.
Le pathétique y côtoie le pittoresque, sans omettre parfois la note gaie qu'apportent les deux reporters anglais et français avec leur rivalité qui se fond en une émouvante camaraderie.
... On conçoit quel beau film on a pu tirer d'une histoire à la trame aussi mouvementée, où les situations les plus émouvantes se succèdent dans les cadres les plus fantastiques.
Michel Strogoff doit être et sera l'une des plus belles productions de l'année.
Et puisque les cinéastes se sont attaqués à Jules Verne, espérons qu'ils continueront et que d'autres œuvres du génial romancier précurseur des progrès de la science moderne, seront à leur tour portés à l'écran [32].
Par contraste, Le compte-rendu du Figaro, déjà évoqué, exprime une opinion assez différente, où les actrices sont ignorées, dans ce quotidien bien parisien [27].
A Paris le film reste quelques semaines au Marivaux puis est projeté au Moulin Rouge. Durant la semaine du 5 au 14 mai, il est projeté dans 4 salles, puis la semaine suivante dans 23 cinémas. Fin mai il passe encore dans 6 cinémas, et il est encore à l'affiche en septembre 1936 dans une salle, mais il ne semble pas avoir eu le grand succès que pouvaient espérer les producteurs. Les critiques de la presse n'étaient pas non plus très bonnes. Et il faut remarquer que passe alors sur les écrans parisiens Les Temps Modernes de Charles Chaplin, et le César de Pagnol ; ces deux films passent aussi dans plusieurs salles et pendant plusieurs mois.
Diverses revues (Figures 23, 24 et 25) font la une avec Adolphe Wohlbrück en Michel Strogoff. Mais les critiques ne sont pas toujours très élogieuses, en particulier celle de Cyrano, déjà évoquée [27].
La production ne ménage pourtant pas ses efforts. Deux numéros de L'illustré du Petit Journal (Figures 22 et 23) passent en couverture de grandes photos en couleurs du film. Les cinémas distribuent des cartes postales avec le portrait des vedettes (Figures 8, 10, 11, 12, 14 et 26).
où le film était projeté |
Pour la diffusion en province, les petits cinémas ambulants disposaient d'une grande photo fixée sur un cadre (1m x 2m), facile à déplacer, servant d'affiche à l'entrée du local où serait projeté le film. La photo est la même que celle de la couverture de L'illustré du Petit Journal du 16 février 1936 (Figure 27) et d'un tampon encreur permettant sans doute de fabriquer de petites affichettes où le projectionniste ajoutait à la main la date et l'heure de la séance (Figure 28).
Cette version française du film sera projetée dans plusieurs pays d'Europe, la plupart du temps doublée dans la langue locale. Ainsi, en Espagne, où, à la fin des années trente, le programme mélange curieusement des scènes provenant des versions françaises et allemandes, même si le film annoncé est bien la version française (Figure 29).
On sait que le peintre belge Paul Delvaux a été particulièrement influencé par Jules Verne dont les deux personnages Otto Lidenbrock et Palmyrin Rosette figurent dans nombre de ses oeuvres. Un autre peintre belge, plus connu, s'est aussi intéressé à Jules Verne. En effet, René Magritte [33] réalise l'affiche belge du film d'Ermolieff (Figure 30).
En Algérie, d'après le journal hebdomadaire Les Spectacles d'Alger, le film a été projeté en 1936, mais aussi en 1937 et encore en 1938 [29].
Michel Strogoff, version allemande : Der Kurier des Zaren
Renzi [20] évoque ainsi la version allemande du film :
En faisant le Strogoff français, Ermolieff pensait déjà à la version allemande du film [34] et prévoyait d'utiliser des rushs de la version française pour réduire les frais de la version allemande. Un journaliste de la revue Variety apprécie la qualité des efforts faits. Il met l'action sur les phases d'action, et la réduction des dialogues au minimum...
Renzi trouve les scènes de batailles extrêmement réalistes. Les grandes scènes de bataille ont été tournées en Bulgarie, l'armée bulgare apportant son concours à cette brillante réalisation [35]. Jacques de Baroncelli est allé en septembre 1935 en Bulgarie pour mettre au point cet aspect de la production sur place [36].
Du fait que les deux versions ont été tournées en parallèle, toutes les grandes scènes de bataille, et toutes les scènes où on ne voit pas les acteurs de trop près, vont être utilisées pour les deux versions, mais aussi, plus tard, pour la version américaine, et même pour la quatrième version tournée au Mexique en 1943-44. En fait c'est une spécificité du fonctionnement de J.N. Ermolieff, qui a procédé de façon similaire pour deux autres films, tournés aux Etats-Unis, Outpost in Morocco (La dernière charge, 1948), et Fort Algiers (1953) [37] qui contiennent de nombreuses scènes identiques.
Par exemple, la marche de l'armée russe (Figure 31) avant l'arrestation de Blount et Jolivet est identique dans les trois versions allemandes, américaine et mexicaine. Le poteau télégraphique abattu par les Tartares est aussi le même dans les trois versions (Figure 32).
Le champ de bataille devant Irkoutsk de la version allemande est le même dans la version américaine et la version mexicaine (Figure 33).
Pour cette version germanique, Ermolieff a donc son Michel Strogoff, en la personne d'Adolphe Wohlbrück, trilingue puisqu'il joue le rôle dans la version française et la version américaine. Un autre acteur, choisi pour le rôle de Féofar Khan, savait sans doute parler aussi en français, puisqu'il figure aussi dans la distribution française. Il s'agit de l'acteur allemand Goetzke [38].
Comme la version française est tournée en même temps que la version allemande, Ermolieff conserve le même metteur en scène, Richard Eichberg (Figure 3) [14]. Le reste de la distribution est bien évidemment germanique, allemande ou autrichienne. Les acteurs et actrices sont les suivants pour cette production germanique Ermolieff — Tobis :
Pour distribuer le film en Allemagne, en Autriche et dans les pays voisins, comme ils le font pour la Francophonie, les producteurs Ermolieff et Tobis sortent des programmes de plusieurs pages abondamment illustrés. Ils résultent, entre autres, d'une collaboration avec la maison d'édition Neue Film-Kurier Verlagsgesellschaft de Berlin qui publie un quotidien Film-Kurier, avec une annexe hebdomadaire Illustrierter Film-Kurier, reprise à Vienne par l'Österreichische Film Zeitung. Cette dernière publication (Figures 47 et 48), comme Filmwelt à Berlin (Figure 49) ou Kino Revue à Prague (Figure 50) annoncent le film et utilisent souvent la même photo d'Adolf Wohlbrück.
Figure 48. Illustrierter Film-Kurier (autrichien), no 1316 de 1936
En Allemagne, le film sort en avant-première début février 1937 au Ufa-Palast am Zoo de Berlin [46]. Et dès le 7 février 1936 à Stettin, puis le 17 février à Berlin.
Il est programmé en Tchécoslovaquie et également en Autriche dès le mois de mars 1936. En fait la presse signale l'arrivée du film sur les écrans dès la mi-février. Ainsi on peut lire dans l'Österreichische Film Zeitung du 14 février 1936 :
Adolf Wohlbrück dans un nouveau rôle emballant. Les dangereuses aventures de Michel Strogoff, qui doit porter une missive importante à travers la Sibérie. Incidents aventureux autour d'Irkoutsk assiégée. Un film qui du début à la fin tient en haleine [47].
L'article qui paraît alors en première page de la revue annonce une projection spéciale le samedi 29 février 1936 et escompte que le film qui a comme titre Michael Strogoff, der Kurier des Zaren aura à Vienne le même succès qu'à Berlin.
Une grande première est annoncée au Busch-Kino de Vienne [48] pour le 9 mars, et à partir du 10 mars le film est montré dans cinq cinémas viennois en parallèle, et même pour une seule journée, dans 14 salles le 20 mars [49].
Mais comme en France la version allemande ne restera pas longtemps à l'affiche. La presse fait d'abord référence au célèbre roman de Jules Verne :
...le roman est encore aujourd'hui un livre préféré de la jeunesse, c'est-à-dire de tout homme qui malgré l'age possède toujours une âme jeune.
Ensuite elle résume l'intrigue mais insiste sur le fait que Richard Eichberg y a placé tous les motifs classiques du cinéma, à savoir "Courage de l'homme, amour maternel et camaraderie, bataille et héroïsme, malheur et bonheur de l'amour." Les acteurs sont loués pour leur talent, principalement
Adolf Wolhbrück en Strogoff, Heinrich [sic] Golling en Ogareff, Lucie Höflich en mère sacrifiée volontaire et Maria Andergast en valeureuse jeune fille, qui accompagne le Courrier à travers tous les dangers [50].
Pour cette version allemande, Ermolieff utilise le même scénario et la même intrigue que dans la version française. Sangarre y joue le même rôle, bien différent de ce qu'avait imaginé Jules Verne dans le roman.
Le régime nazi autorisa la projection du film, malgré le fait que Wohlbrück était juif ("Halbjude") et homosexuel.
Ne disposant pas de la version française du film, il est cependant possible de comparer des scènes tournées avec les acteurs français avec celles où jouent les acteurs allemands, grâce aux photographies qui subsistent du film français.
Les quatre exemples (Figures 51 à 54) montrent bien des prises de vue semblables. On imagine aisément Adolf Wolhbrück restant dans la même position et changeant simplement de partenaire, Colette Darfeuil ou Maria Anddergast. On peut même imaginer ces scènes sur la même bobine, le découpage se faisant plus tard en fonction de la langue.
Figure 51. Dans le relais de poste. Le décor est le même, les costumes sont identiques, la miche de pain est la même et sur le mur le portrait du tsar rappelle sa mission à Michel Strogoff
Figure 52. Dans la cabine de Sangarre sur le bateau
Figure 53. Après le supplice, Michel et Nadia quittent le camp
Figure 54. Dans le compartiment de chemin de fer
D'après un article paru en 1937 [51] aux Etats-Unis — au moment de la sortie de la version américaine — il semble qu'Ermolieff ait aussi tourné une version italienne et une version russe en même temps que les française et allemande, avant la généralisation du doublage.>
Michel Strogoff, version américaine : The Soldier and the Lady
J.N. Ermolieff débarque aux Etats-Unis en juillet 1936 [52], et s'y installe en 1937 car il veut travailler à Hollywood. Le producteur Pandro S. Berman de R.K.O. Pictures [53] avait déjà eu des contacts avec lui, et il avait acheté les droits pour une version américaine de Michel Strogoff, y compris les droits sur les scènes de bataille tournées en Bulgarie [54]. Le détail de ces tractations figure dans The Jules Verne Encyclopedia, de Brian Taves et Steven Michaluk Jr. [55]. Ermolieff emmène Adolf Wohlbrück avec lui, ce dernier fuyant le régime nazi. Ce dernier arrive à Hollywood le 13 octobre 1936, selon un article du New York Times [56], qui orthographie son nom Adolph Wohlbruck.
Pour une troisième fois, Adolf Wolhbrück va jouer le rôle de Michel Strogoff, sur sol américain cette fois. Le prénom d'Adolf — qui ne devait sans doute pas être très populaire à cette époque — est abandonné. Et son nom, à consonance trop germanique, va être américanisé en Walbrook. Le résultat est une nouvelle star hollywoodienne, Anton Walbrook (Anton étant le deuxième prénom d'Adolf Wohlbrück), du moins selon les espoirs d'Ermolieff et de R.K.O.
Le premier titre (ainsi que le New York Times l'annonçait) devait être Michael Strogoff. Mais au final le film s'intitule The Soldier and the Lady.
Le reste de la distribution sera américain. Le livre de presse [57] donne le ton des messages que les producteurs souhaitent voir repris par les journaux à l'occasion du lancement du film (Figure 55 et 56) :
Packs Suspence Excitement — Film of Fire and Action — Anton Walbrook the screen's new man of fire — leaping to life as fiction's great hero — fighting for love and glory
Astounding scenes of amazing spectacle and fiery romance sweeping the screen as fiction's dashing man of valor fights for love and glory!
A NEW STAR RISES! — as Hollywood hurls to screen a hart-plundering romance — told against a canvas blazing with mighty action ! WONDER ! CHEER ! GASP ! THRILL !
Tender Romance, Spectacular War
"The Soldier and the Lady" is a most exciting 85 minutes of screen action
Figure 55. Couverture du dossier de presse |
Figure 56. Deux pages du dossier de presse
Et cet extrait tout aussi dithyrambique du Washington Times (mentionné dans le dossier de presse) :
...nothing like "Soldier and the Lady" with its armies in hand-to-hand battles, its cavalry charges, its awe-inspiring and spectacular panoramas of the military and the side romance about the love of a lady for a noble fighting man. Eric Blore and Edward Brophy are a couple of harassed war correspondents, and they contrive to get laughs when they are needed. Do it well, too, if you ask me. This is a picture that is extremely well acted. The battle scenes have been graphically staged and are impressive and thrill-inspiring. Anton Walbrook plays Michael Strogoff nothing less than brilliantly. He had to be good, for there was Akim Tamiroff as the rebel leader. Those who like plenty of action, adventure and romance, will make no mistake in this investment.
Comme tout dossier de presse hollywoodien, celui-ci, volumineux, contient une multitude d'affiches de toutes tailles et de toutes dimensions, et reprend les slogans essentiels à mettre en avant pour attirer le maximum de spectateurs de cette grandiose épopée.
Par rapport aux versions française et allemande, un glissement qui s'opère dans le rôle des vedettes. Le changement de titre lui-même est symptomatique de cette évolution, Michael Strogoff devient The Soldier and the Lady. Cette fois, la lady n'est pas Nadia. Le principal rôle féminin est celui de Sangarre. L'espionne d'Ivan Ogareff tombe amoureuse de celui qu'elle doit suivre et surtout à qui elle doit voler les documents secrets. Elle, qui connaît le courrier du tsar, refusera de le reconnaître parmi les prisonniers provoquant ainsi la colère d'Ivan Ogareff qui se rabattra sur la mère de Michel Strogoff pour le faire craquer. Notre héroïne (Sangarre), malheureuse car Michel, même s'il est un temps séduit par cette belle femme, reste attaché à Nadia, paiera le bourreau pour qu'il épargne les yeux du courrier du tsar et pour qu'il la tue au moment où Michel, très mal en point, quitte le camp au bras de Nadia.
Ermolieff a ainsi créé un "nouveau couple romantique" encensé par la presse américaine : "New Romantic Team ― Elisabeth Allan and Anton Walbrook" [58], affirmation soutenue par des affiches adéquates (Figure 57).
Figure 57. Exemple d'une affiche utilisée pour lancer le film |
La presse française est plus mitigée à propos de cette nouvelle version qui sera aussi projetée en France :
L'histoire de Jules Verne a été mutilée et le chef des Tartares fut peint d'une manière moins cruelle. La trame sentimentale est plus fade que dans la version française. Le film est plus spectaculaire qu'émouvant, mais l'action est foudroyante et la mise en scène soignée. Le début d'Anton Walbrook n'a pas été brillant et nous avons regretté la partie infime allouée à l'excellente Elisabeth Allan... [59]
Parmi les documents mis à la disposition de la presse pour promouvoir le film, figure un résumé de l'intrigue en bandes dessinées. Six bandes (“strips”) sont à insérer pendant six jours de suite pour créer une continuité et séduire le lecteur (Figure 58).
Figure 58. Bande dessinée en six “strips”
La distribution des rôles, aux côtés d'Anton Walbrook (Adolf Wohlbrück) qui est Michel Strogoff, est la suivante:
Le rôle titre de la “Lady” est tenu par Margot Grahame [60] jouant le personnage de Sangarre (Figure 59).
A ses côtés, un autre grand acteur américain, Akim Tamiroff [61], interprète Ivan Ogareff (Figure 60).
Pour le rôle de Nadia, le producteur américain Pandro S. Berman fait appel à une jeune actrice anglaise, Elisabeth Allan [62], dont la carrière se partagera entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis (Figure 61).
Le rôle de Marfa est joué par Fay Bainter [63], qui sera considérée comme la grande vedette à côté d' Akim Tamiroff lors de la ressortie de ce film en 1946 (Figure 62).
Les deux journalistes qui vont apporter la touche d'humour seront Eric Blore [64] et Edward Brophy [65]. Ces deux acteurs (Figures 63 et 64) étaient bien connus comme acteurs comiques à Hollywood et le public américain s'attendait à leurs plaisanteries (Figure 65). Alors que le film est projeté en France en 1937, en concurrence avec la version française toujours d'actualité, la Revue de l'Ecran (organe de presse pour Marseille et sa région) signale "deux excellents animateurs dans les rôles de correspondants de guerre" [59].
Tous suivent les directives du metteur en scène George Nicholls, Jr. [66].
Figure 59. Margot Grahame | Figure 60. Akim Tamiroff |
Carte publicitaire chilienne | Carte publicitaire pour les cigarettes Player's |
Figure 61. Elisabeth Allan
Figure 62. Fay Bainter | Figure 63. Eric Blore | Figure 64. Edward Brophy |
Le film sort en avril 1937 aux Etats-Unis d'abord sous le titre de Michael Strogoff, rapidement changé en The Soldier and the Lady, jugé plus accrocheur.
Pour la sortie en juillet 1937 en Grande-Bretagne le titre d'origine Michael Strogoff est utilisé. Certaines salles de cinéma accueillent les spectateurs avec du personnel habillé à la russe. La presse régionale britannique signale la sortie du film dans de nombreuses villes.
Le 30 juillet 1937, The Western Gazette publie le texte suivant :
Jules Verne's story of thrilling adventure and romance, "Michael Strogoff", come to the screen for the first three days of next week. A new male star, Anton Walbrook, and Elisabeth Allan play the leading roles in a stirring tale of the experiences of a courier of the Tsar during an imaginary Tartar uprising in Siberia.
Figure 65. Eric Blore et Edward Brophy dans les rôles de Blount et Jolivet | Figure 66. Walbrook en compagnie d'Allan |
A quoi The Nottingham Evening Press fait écho en publiant le 28 août 1937, une image d'Anton Walbrook en compagnie d'Elisabeth Allan (Figure 66). D'autres commentaires sont tout aussi élogieux :
We tend in these days of pseudo-intellectuals to despise anything that smacks of a "good story", with the familiar ingredients of heroism, villainy, sudden death, and beautiful women. So there is bound to be reaction among some folk after seeing "Michael Strogoff" for it has all that melodrama means. Radio Pictures have produced a first-rate picture play, with magnificent photography, dramatic incident, and a leading man who will make a big name — Anton Walbrook, Akim Tamiroff — a worthy successor to Warner Oland in this type of role — Elisabeth Allan, and Margot Grahame do well [67].
“Michael Strogoff", a stirring tale of the experiences of a courier of the Tsar during an imaginary Tartar uprising in Siberia in 1870, is one of the best adventure stories yet screened. The Jules Verne novel of the same name, on which the film is based, has been translated into many languages and has sold into millions of copies. ... Anton Walbrook, the celebrated actor, ... gives a striking performance as the hero, Michael Strogoff. Beautiful Margot Grahame is excellent as the spy, who, too late, tries to save Strogoff from the Tartars and pays forfeit with her own life. Akim Tamiroff, the ruthless leader of the Tartar hordes, who plots to supersede the Tsar, is magnificent ; and another fine portrayal is given by Elisabeth Allan, whose loyalty sustains the hero through many of his harrowing trials. The production is mounted on a spectacular scale [68].
Toutes les critiques ne sont pourtant pas aussi positives :
R.K.O. has ripped the juicily melodramatic tenderloin from Jules Verne's sinewy novel, "Michael Strogoff", and is serving it up at the Roxy under the deceptively teashoppe alias, "The Soldier and the Lady” [69].
Ces commentaires montrent que Strogoff, Ogareff, Nadia et Sangarre sont les stars mises en avant à ce moment. Fay Bainter, la mère de Michel n'est même pas citée. Mais cela changera lors de la reprise après la deuxième guerre mondiale.
Le film est diffusé dans d'autres pays, par exemple aux Indes (Figure 67).
Figure 67. Couverture d'un programme provenant des Indes | Figure 68. “Lobbycard” publiée lors de la sortie du film en Grande-Bretagne en 1946 |
La version américaine du Strogoff d'Ermolieff connaît une deuxième jeunesse après la deuxième guerre mondiale, en 1946. Il devient The Bandit and the Lady, mais conserve son titre de Michael Strogoff en Grande-Bretagne (Figure 68). Par contre, sur une affiche japonaise, le titre américain est utilisé (Figure 69). Sur les affiches américaines, l'accent est mis sur les deux grandes vedettes, Akim Tamiroff et Fay Bainter. Anton Walbrook est relégué au rang des seconds rôles, tout comme Margot Grahame, Eric Blore et Edward Brophy. Quant à Elisabeth Allan, la jeune première, elle ne figure même plus sur les affiches (Figure 70).
Figure 69. Affiche japonaise du film américain | Figure 70. Affiche américaine avec Tamiroff et Bainter comme premiers rôles |
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Figure 71. Quatre exemples d'affichettes et de publicités offertes aux médias pour le film américain en 1946
Sur les grandes insertions pour la presse, Akim Tamiroff et Fay Bainter tiennent le haut de l'affiche ; et sur les petites annonces il n'y a qu'eux deux (Figures 71 et 72).
Figure 72. “Lobbycards” pour la publicité dans les halls d'entrée des salles de cinéma
En Grande Bretagne également l'accent est mis, en dehors d'Anton Walbrook, sur Akim Tamiroff dans le rôle d'Ogareff, et Fay Bainter, la mère de Michel Strogoff :
A spectacular historical drama with a war-background, featuring Anton Walbrook and Fay Bainter [70].
Comme Brian Taves l'a bien analysé [55], le film se ressent donc d'un mélange de genres. En fait, pour pouvoir conserver des prises de vues des versions européennes, certains acteurs vont devoir jouer un peu à "l'européenne", en premier lieu bien sûr Walbrook/Strogoff, alors que les autres vont continuer à faire du "Hollywood". La qualité du film va en souffrir ; la réutilisation des grandes scènes de bataille, donne l'impression d'être très sombre, alors que d'autres films, de la même époque, avec des scènes de bataille apparaissent comme plus lumineux, même s'ils sont encore en noir et blanc ; et la grande vedette (Walbrook) semble un peu coincée par rapport au jeu des autres grands acteurs hollywoodiens de cette période comme Errol Flynn [71] ou Tyrone Power [72]. La critique est aussi médiocre ; ainsi en Grande-Bretagne, on a pu lire :
Anton Walbrook is terrific in this story of a rebel in Czarist Russia. If you were going to films around 1926 you may remember the silent version [73].
Ce commentaire ambigu peut laisser supposer que la version muette de 1926 (celle de Tourjanski, avec Ivan Mosjoukine) était au moins aussi bonne, ou que le (la) journaliste estime que cette nouvelle version américaine en est une pâle copie.
La reprise de 1946 n'aura pas plus qu'avant guerre le succès espéré par son producteur.
En 1940 J.N. Ermolieff intente un procès à R.K.O. Pictures à propos de la diffusion du film en Irlande [74]. En effet arguant du fait que l'Irlande (Eire) est un état indépendant depuis 1923, J.N. Ermolieff considère qu'il n'a pas cédé à R.K.O. Pictures les droits de diffusion pour ce pays quand il les a vendu pour la Grande-Bretagne. Perdant en première instance, R.K.O. fait appel. L'affaire traîne jusqu'en 1942, mais finalement J.N. Ermolieff perdra au motif que les usages dans la profession ont toujours inclus l'Irlande dans ce type de contrat, même si le pays n'était pas explicitement mentionné, et que J.N. Ermolieff, en tant que professionnel, ne pouvait pas ignorer ces usages. Cette décision fera d'ailleurs jurisprudence [75].
Le film américain sera projeté au Mexique avec Walbrook et Tamiroff comme têtes d'affiche (Figure 73). Le fait est assez cocasse, puisque moins de dix ans plus tard, Ermolieff se rend précisément au Mexique pour y produire son quatrième Michel Strogoff.
Figure 73. Affiche mexicaine pour le film américain de 1937 | Figure 74. Couverture de Cinema Reporter, Mexico, 4 mars 1944 |
Michel Strogoff, version mexicaine : El Correo del Zar
Poursuivant sur sa lancée, et pour continuer à profiter des vastes paysages bulgares et des superbes mouvements de troupes des Tartares et des Russes grâce à l'armée bulgare, déjà utilisés pour les versions française, allemande et américaine de son Michel Strogoff, J.N. Ermolieff va produire en 1943-1944 une version mexicaine, sous la direction de Miguel M. Delgado, réalisateur mexicain et un acteur prolifique [76].
Le cinéma mexicain est un plein essor et ce d'autant plus que Hollywood et le cinéma britannique se sont orientés vers des films de propagande pour soutenir l'engagement des Américains dans la deuxième guerre mondiale, laissant la place aux productions d'autres pays pour les films d'aventures ou les romances. Le Mexique couvre le marché du cinéma sud-américain et la concurrence de l'Espagne ou de l'Argentine est réduite du fait que ces pays souffrent d'être dirigés par des dictatures. Miguel Delgado fera appel à des acteurs connus au Mexique, soit mexicains d'origine soit d'origine hispanique. Cette fois, Anton Walbrook n'est plus disponible, occupé à Hollywood par The Life and Death of Colonel Blimp. Alors le rôle de Michel Strogoff va être joué par un célèbre acteur mexicain, Julian Soler [77], qui va figurer sur la couverture des revues spécialisées (Figure 74).
Comme dans la version américaine le grand rôle à côté de Michel Strogoff reste celui de Sangarre. L'intrigue vernienne est donc modifiée quant à l'importance des rôles féminins. La grande vedette sollicitée pour jouer le rôle de Nadia est Lupita Tovar [78], actrice célèbre depuis 1931 pour son rôle dans un Dracula filmé par Universal Pictures. Elle est aussi l'une des actrices de cinéma à avoir pu passer sans difficulté du cinéma muet au cinéma parlant (Figure 75). Les autres acteurs sont aussi tous hispaniques :
Figure 75. Julian Soler | Figure 76. Lupita Tovar | Figure 77. Anita Blanch |
Figure 78. Luis G. Barreiro | Figure 79. Andrés Soler | Figure 80. Julio Villarreal |
Comme pour les versions précédentes, en particulier la version américaine, les scènes générales, les mouvements de troupes, les attaques des villages, etc. sont les rushs tournés en 1935 pour les versions française et allemande.
Conclusion
Pour la réalisation de tous ces Michel Strogoff, J.N. Ermolieff a certainement fait des économies en réutilisant de nombreuses scènes, comme les batailles tournées avec l'aide de l'armée bulgare, et les attaques des villages russes par les Tartares, mais cela ne lui a pas apporté de grands profits ; le film n'a pas eu beaucoup de succès en France, ni en Allemagne compte tenu de la sévère concurrence qui existait déjà dans la cinématographie. Ensuite, les versions américaines puis mexicaines se trouvèrent techniquement décalées, la réutilisation des rushs de la version allemande imposant de travailler, pourrait-on dire, à l'ancienne. Pandro Berman, le producteur de la version américaine reconnaîtra lui-même que ce film était une erreur. [84].
Quoiqu'il en soit, c'est sans doute le seul exemple d'un roman de Verne porté à l'écran, tourné dans trois versions et trois langues différentes avec un seul et même acteur pour le rôle principal.
NOTES
- L'Ecran Fantastique, n° 9, Spécial Jules Verne Cinéma, 1979. ^
- Victor (ou Viktor) Tourjansky, (1891 – 1976) est né à Kiev dans une famille d'artistes. Il commence jeune à tourner dans le cinéma muet à Moscou, puis devient rapidement metteur en scène et réalisateur. Il émigre après la Révolution russe, via la Crimée où il a rejoint la compagnie d'Ermolieff. Il travaille surtout en France à partir de 1920, puis en Allemagne, et il termine sa carrière cinématographique en Italie. ^
- Ivan Mosjoukine (1889 – 1939). Né dans une famille de la bonne société russe, il fait sa première apparition à l’écran en 1911. Il est vite une grande vedette du cinéma russe. Puis comme Tourjanski, il fait le voyage de Yalta à Paris avec Ermolieff. Et dans le studio de Montreuil il devient la grande vedette du studio d’Ermolieff-Albatros. Au début des années 20, la plus grande star française c'est lui. Il tente une carrière aux Etats-Unis, puis retourne vivre en Allemagne. L'arrivée du cinéma parlant met fin à sa carrière. Il meurt de tuberculose dans la misère. ^
- A propos du film de 1926, voir http://www.imdb.com/title/tt0017137/?ref_=fn_al_tt_9, « Michel Strogoff des Films de France », La Petite Illustration cinématographique, 7 août 1926, no 7, p. 1-11, Ivan Mosjoukine, Quand j'étais Michel Strogoff (Paris, La Renaissance du livre, 1926, 203 p.) et l'article de Philippe Burgaud dans BSJV, décembre 2014, no 187, p. 57-67. ^
- Cinémonde, avril 1936, p. 221 et 222. ^
- Cinémonde, 13 février 1936, p. 107. ^
- Jean Tulard, Guide des Films, tome II. Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 1990, p. 184. ^
- D'après Wikipédia et l'article sur le groupe Albatros de Camille Blot-Wellens de la Cinémathèque française (http://fr.wikipedia.org/wiki/Iossif_Ermoliev et http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/albatros/. ^
- Los Angeles Times, 19 juillet 1936, p. C1. ^
- Ivan Mosjoukine (1890 – 1939) — Quand j'étais Michel Strogoff, La Renaissance du Livre, 1926. ^
- L'histoire des studios Pathé de Montreuil est documentée sur http://www.tourisme93.com/studios-pathe-montreuil.html et http://www.tourisme93.com/visites/1041-2392-les-studios-mythiques-pathe-al.html. ^
- Alexander Kamenka (1888 – 1969). Au départ de Ermolieff, il crée la Société des Films Albatros, dont il devient le seul directeur. ^
- D'après les mémoires de Charles Vanel, citées par le journal Libération du 12 août 2011 (Article de Clément Ghys "Aujourd'hui, des exilés russes qui, en 1920, fondent une société de production cinéma à Montreuil") et l'ouvrage de Jacqueline Cartier, Monsieur Vanel, Paris, Robert Laffont, 1989, 482 p., p. 277-279. ^
- Richard Eichberg (1888-1953), producteur et réalisateur allemand, il a participé à plus de 150 films. ^
- Jacques de Baroncelli (1881-1951), réalisateur éclectique, passait du drame au romantisme, du roman d'amour au roman maritime. Ses plus belles réalisations célébraient la nature et la mer qu'il traitait en véritable poète (réf. Les Fiches de Monsieur Cinéma de l'A2). ^
- Adolf Anton Wilhelm Wohlbrück (1896 – 1967), né à Vienne d'une famille de clowns et saltimbanques, a débuté comme acteur en Europe avant d'aller à Hollywood où il a interprété de nombreux personnages germaniques comme Johann Strauss ou Louis I de Bavière. ^
- Filmwelt, n° 46, 17 novembre 1935, p. 5. Revue allemande, il est normal que l'accent soit mis sur la version germanique. L'article, signé « E.B. » porte le titre « Der Geheimkurier Michel Strogoff ». ^
- Marcus Hochhaus — Das Europäische Studiosystem. UVK Verlagsgesellschaft mbh, 2009, p.133. ^
- Filmwelt, n° 46, 17 novembre 1935, p. 5. ^
- Thomas C. Renzi — Jules Verne on Film. McFarland & Co publisher, 1998, p. 126. ^
- Yvette Lebon (1910 - 2014), née Simone Lebon, actrice française célèbre dans les années trente pour sa beauté. Elle a fait récemment partie des centenaires françaises. Son décès date du 28 juillet. ^
- Colette Darfeuil (1906 - 1998), de son vrai nom Emma Henriette Augustine Floquet, débuta à l'èpoque du muet puisqu'elle débuta en 1923 avec Retour à la vie de Dorval. Elle tourna son dernier film La fille au fouet de Jean Dréville en 1952. Ingénue et coquette, avec de beaux yeux verts et une démarche ondulante, elle était "fort jolie, plutôt canaille, proche de Ginette Leclerc et de Viviane Romance", selon Jean Tulard, dans le Dictionnaire du cinéma. ^
- Armand Bernard (1893 – 1968), Acteur du cinéma muet, il jouera ensuite dans un grand nombre de films parlant, le plus souvent des comédies dans les quelles il apporte un note de d'humour par son air grave et sa diction. Il fera aussi du théâtre y compris dans des rôles chantés. ^
- Fernand Charpin (1887 – 1944), acteur de théâtre, devient célèbre grâce au personnage de Panisse dans des deux premiers films de la trilogie de Marcel Pagnol, Marius, Fanny et César, y compris dans les adaptations cinématographiques de ces mêmes pièces. ^
- Marcelle Jean Worms, actrice française qui semble avoir tourné dans quatre films seulement, y compris le Michel Strogoff d'Ermolieff : Dans les rues de Trivas (1933), Volga en flammes de Tourjansky (1934) et Mission spéciale de Maurice de Canonge (1945). ^
- Charles Vanel (1892 – 1989) tourne dans près de deux cents films, de 1908 à 1987. "Ce breton calme et sûr de lui a mené une carrière rectiligne sur laquelle l'âge n'a pas eu de prise", selon la fiche de L'Encyclopédie du Cinéma, 1992. ^
- Le Figaro, 13 mars 1936, p. 6 (disponible dans Gallica). ^
- Cyrano, 10-16 avril 1936, p. 27 (disponible dans Gallica). ^
- Les Spectacles d'Alger, 16 décembre 1936, p. 2 (disponible dans Gallica). ^
- Le Matin, 14 février 1936, p.4 (disponible dans Gallica). ^
- Le Figaro, 11 mars 1936, p. 5 (disponible dans Gallica). ^
- L'illustré du Petit Journal, numéro du dimanche 16 février 1936, p. 18. ^
- René Magritte (1898 – 1967), peintre surréaliste belge, aussi connu comme créateur d'affiches. Il a exposé dès la fin des années 1930 plusieurs fois avec Paul Delvaux. ^
- En fait, Renzi se trompe : les deux versions ont été tournées en même temps. ^
- The New York Times, 8 juillet 1936. ^
- L'Afrique du Nord Illustrée, 14 septembre 1935, p.14. ^
- Communication de Brian Taves. ^
- Bernhard Goetzke (1884 -1964), acteur allemand de théâtre, débute une carrière dans le cinéma muet, mais ensuite il n'aura que des rôles secondaires dans les films parlants. Il a cependant joué avec Fritz Lang et Alfred Hitcock. ^
- Maria Andergast (1912 – 1995), née Maria Pitzer, actrice autrichienne, étudia la danse à Vienne et commença une grande carrière cinématographique en 1932 ; après la guerre elle joue dans des opérettes, des comédies musicaleset des mélodrames romantiques, puis entame une carrière de chanteuse de cabaret. On la verra aussi à la télévision. Elle prend sa retraite en 1972. ^
- Hilde Hildebrand (1897 – 1976), née Emma Minna Hildebrand, fut d'abord danseuse dans le ballet du théâtre de Hanovre, elle a joué théâtre et au cinéma, où son talent de chanteuse lui a permis de passer aisément du muet au parlant. ^
- Theo Lingen (1903 – 1978), de son vrai nom Franz Theodor Schmitz, acteur allemand, directeur de théâtre et écrivain, il commence au théâtre en 1922 ; repéré par Fritz Lang il joue de grands rôles dans ses films, et débute une carrière de comique au cinéma. Il a joué dans M (1931) et Le Testament du Docteur Mabuse (1933). ^
- Kurt Vespermann (1887 - 1957) acteur allemand, né dans une famille d'artistes, il débute dans la cinéma muet en 1915, puis passera au cinéma parlant sans trop de dommages. ^
- Lucie Höflich (1883 – 1956), née Helene Lucie von Holwede, actrice allemande, elle a été professeur et directrice de la Staatliche Schauspielschule de Berlin. Surtout actrice de théâtre, elle débutera au cinéma muet dans les années vingt, puis passera avec bonheur au parlant jusqu'à sa mort. Elle épousa en secondes noces l'acteur Emil Jannings. ^
- Alexander Golling (1905 – 1989), acteur allemand qui fut directeur du théâtre de Bavière de 1938 à 1945. Sa sympathie pour le national-socialisme met un frein à sa carrière d'acteur. Il fut autorisé à jouer à nouveau en 1950. ^
- Hans Zesch-Ballot (1896 – 1972), acteur allemand, spécialisé dans les seconds rôles. Il monta sur les planches en 1919 et débuta au cinéma en 1930. ^
- Filmwelt, 9 février 1936. ^
- Österreichische Film Zeitung, 14 février 1936, p.3. ^
- Neues Wiener Journal, 6 mars 1936. ^
- Neues Wiener Journal, vendredi 20 mars 1936, p.20. ^
- Neues Wiener Journal, 13 mars 1936. ^
- Journal sur le cinéma non identifié, 4 avril 1937. ^
- Los Angeles Times, 19 juillet 1936. ^
- R.K.O Pictures — Radio-Keith-Orpheum Pictures —, est une société créée en 1928 par le regroupement d'une chaîne de salles de spectacles KAO, de Film Booking Office (FBO) qui possède différents petits studios et achète Pathé US en 1923, et Radio Cooperation of America — RCA — fondée par General Electric. R.K.O. est alors l'un des 5 grands studios américains avec Warner Bros., MGM, Paramount et 20th Century Fox. [Communication de Brian Taves] ^
- Chicago Daily Tribune, 10 juillet 1936, p. 22. ^
- Brian Taves, “Hollywood's Jules Verne”. P. 205-248 de Brian Taves & Stephen Michaluk, Jr., The Jules Verne Encyclopedia. Lanham (MD), Scarecrow Press 1996, 258 p. (p. 214 et 215). ^
- The New York Times, 12 octobre 1936, page 23. ^
- Advance Campaign Book, RKO Pictures, 1937. ^
- Journal américain sur le cinéma non identifié, 14 avril 1937. ^
- La Revue de l'Ecran, 15 mai 1937 (disponible dans Gallica). ^
- Margot Grahame, née Margaret Clark (1911 – 1982) est une actrice anglaise qui débuta en Afrique du Sud et fut l'actrice la mieux payée d'Angleterre avant de partir pour Hollywood où John Ford la fait jouer en 1935 dans The Informer. ^
- Akim Tamiroff (1899 – 1972), né à Tiflis, en Russie, de descendance arménienne, est un acteur américain dès 1920, devenu grand ami d'Orson Welles. Il est un des grands acteurs de l'histoire du cinéma, ayant participé à plus de 150 films. ^
- Elisabeth Allan (1908 – 1990), actrice anglaise qui fit une grande carrière cinématographique à Hollywood avant de retourner en Grande-Bretagne. Elle a tournée plusieurs films avec George Cukor. ^
- Fay Bainter (1891 – 1968) est une actrice américaine qui a joué avec Katharine Hepburn et Lionel Barrymore (qui fur le premier Capitaine Nemo à parler au cinéma). Elle a gagné l'Oscar du meilleur second rôle en 1938. ^
- Eric Blore (1887 – 1963 ), d'origine anglaise, fera carrière aux Etats-Unis, débutant dans le cinéma muet. Il tournera dans beaucoup de films, y compris musicaux aux côtés de Fred Astaire, et aura aussi une carrière théâtrale notamment dans des comédies musicales à Broadway. ^
- Edward Brophy (1895 – 1960), acteur et réalisateur américain, il eut une longue carrière avec plus de 120 films à son actif. ^
- George Nicholls, Jr. (1897 – 1939), né et décédé (des suites d'un accident de voiture) en Californie, a mis en scène 14 films, après avoir débuté comme acteur et collaborateur de R.K.O. dans les années 1920. ^
- The Daily Mail, 5 octobre 1937. ^
- The Gloucestershire Echo, 12 octobre 1937. ^
- TEE SCREEN, 10 avril 1937, page. 11. ^
- The Cornishman, 31 octobre 1946. ^
- Errol Leslie Thomson Flynn (1909 – 1959), acteur né en Tasmanie, transite par la Grande-Bretagne avant de faire sensation dans Captain Blood en 1935. Il acquiert son statut de grande vedette spécialiste des films de cape et d'épée en 1936 avec The Charge of the Light Brigade. ^
- Tyrone Edmund Power (1914 – 1958) devient une véritable idole à 22 ans avec un film sorti en 1936, Lloyd's of London, moins d'un an après avoir été engagé par la Twentieth Century Fox. ^
- The Essex Chronicle, vendredi 17 janvier 1947 à propos d'une projection au cinéma Central à Braintree. ^
- Los Angeles Times, 10 mai 1940. ^
- Court of Appeal, Second district, California, 21 janvier 2004, affaire Gary K. Wolf contre Supreme Court of Los Angeles county, suite d'un procès avec Disney Pictures and Television. ^
- Miguel Melitón Delgado Pardavé (1905 – 1994), producteur mexicain, scénariste, acteur et metteur en scène de plus de 130 films. ^
- Julían Díaz Pavía (1907 - 1977), acteur et metteur en scène mexicain. Il a utilisé le pseudonyme de Julian Soler pour jouer dans plus de 40 films. Il en a mis en scène près d'une centaine. ^
- Lupita Tovar, née María de Guadalupe Tovar, actrice mexicaine née en 1910 commence sa carrière en 1929 avec des films muets à la Twentieth Century Fox avant de passer chez Universal où elle se fera un nom avec son rôle dans le Dracula en version espagnole de 1931. Elle fêta ses 103 ans le 27 juillet 2013. ^
- Anita Blanch (1910 – 1983), actrice née en Espagne, joua dans plus de 100 films au Mexique. ^
- Luis Gonzaga Barreiro Zapian (1886 – 1947), né et décédé à Mexico, a joué dans une centaine de films. ^
- Andrés Soler (1898 – 1969), né Andrés Díaz Pavía, frère de Julian Soler, acteur mexicain, comme son autre frère Domingo Soler. Andrés Soler a plus de 200 films à son actif. ^
- Victoria Argota a joué dans une trentaine de films entre 1938 et 1955. ^
- Julio Villarreal (1885 – 1958) est né à Lérida en Esapagne comme Julio Villareal de Gonzaga. Acteur et metteur en scène, il a plus de 140 films à son actif. ^
- Communication personnelle de P. Berman à Brian Taves. ^