Verniana — Jules Verne Studies / Etudes Jules Verne — Volume 6 (2013–2014) — 55–66

La double profondeur dans Vingt mille lieues sous les mers ou le sens des limites

Stéphanie Clément

Résumé

Cet article examine les caractéristiques des profondeurs océanes dans Vingt mille lieues sous les mers et montre qu’elles sont doubles. Les profondeurs, transparentes, mobiles et objets de représentations intellectuelles, semblent d’abord appropriables par les hommes à bord du Nautilus. Mais au cours de leur voyage, les personnages rencontrent une autre profondeur — en référence à ce que Blanchot appelle l’autre nuit. Celle-là, opaque, fixe et inappropriable par les discours, met les personnages et le lecteur face aux limites du savoir et du langage. C’est aussi la figure d’un homme situé — appartenant plus à la Terre que la Terre ne lui appartient — qui émerge. Dans le roman de Verne, la mer constitue un objet de représentation moderne en ce que la double profondeur qui la caractérise définit un sens des limites.

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