Depuis 2007, les études verniennes et les traductions en anglais de Jules Verne ont considérablement augmenté dans les pays anglophones, en particulier aux Etats-Unis. Pour compléter la compilation que j'avais placée dans le premier volume de Verniana [1], j'aimerais reconnaître les exégètes, fans et éditeurs ayant contribué à ce foisonnement remarquable de bonnes traductions en anglais de Jules Verne.
Des félicitations vont à l'infatigable traducteur américain d'Albuquerque (Nouveau Mexique) Frederick Paul Walter, d'abord pour son impressionnant volume Amazing Journeys: Five Visionary Classics (Incroyables aventures : cinq romans classiques visionnaires) publié en 2010, contenant de nouvelles traductions de Voyage au centre de la terre, De la Terre à la Lune, Autour de la Lune, Vingt mille lieues sous les mers, Le Tour du monde en quatre-vingt jours. A cela s'ajoute sa première traduction complète en anglais du Sphinx des glaces (The Sphinx of the Ice Realm), accompagnée du texte entier des Aventures d'Arthur Gordon Pym (The Narrative of Arthur Gordon Pym) d'Edgar Allan Poe, parue en 2012 aux éditions Excelsior (filiale de SUNY Press), à l'instar du volume précédent.
Tout aussi infatigable, Brian Taves, president la Société Jules Verne nord-américaine (North American Jules Verne Society — NAJVS) et chef de collection de l'excellente Palik Series continue de diriger un groupe talentueux de traducteurs (Edward Baxter, Kieran M. O’Driscoll, Frank Morlock, et al.) et de spécialistes verniens reconnus mondialement (Jean-Michel Margot, Volker Dehs, Garmt de Vries-Uiterweerd, et al.) dans leur quête pour fournir au public anglophone des textes jamais traduits auparavant en anglais (http://www.najvs.org/palikseries-press.shtml). En 2011 et 2012, cette équipe publia les premières traductions en anglais de plusieurs oeuvres de jeunesse (nouvelles et pièces écrites pour la scène) comme par exemple Le Mariage de M. Anselme des Tilleuls (The Marriage of a Marquis), Monsieur de Chimpanzé (Mr. Chimpanzee), Onze jours de siège (Eleven Days of Siege), et Le Comte de Chanteleine (The Count of Chanteleine). Dans la même collection parut L'Oncle Robinson traduit par Sidney Kravitz publié sous le titre de Shipwrecked Family: Marooned with Uncle Robinson (2011). La modification du titre était nécessaire afin d'éviter le mot « Robinson » susceptible de créer des confusions dans l'esprit des lecteurs anglophones. Il en a été de même pour Le Mariage de M. Anselme des Tilleuls dont le nom fut supprimé dans le titre anglais, le côté ridicule se révélant intraduisible en anglais. Le volume le plus récent de la Palik Series combine des textes de Jules et de Michel Verne. Sous le titre de Vice, Redemption and the Distant Colony (2012), Kieran M. O’Driscoll traduit Pierre-Jean (de Jules Verne) et la version modifiée de Michel Verne La Destinée de Jean Morénas, ajoutant Voyage d'études traduit avec le titre de Fact-Finding Mission. Pour ce volume, Kieran M. O’Driscoll a non seulement traduit les textes de Jules et Michel, mais il est aussi responsable des notes et commentaires critiques impartiaux et sans préjugés à propos de cette « collaboration familiale » entre Jules et son fils, souvent controversée tant dans le domaine littéraire que cinématographique. [2] Tous ces volumes sont publiés par BearManor Fiction.
Grâce à l'éditeur écossais Luath Press, Edinbourg, deux nouvelles traductions du Rayon vert (The Green Ray) et des Forceurs de blocus (The Blockade Runners) ont paru respectivement en 2009 et 2011, tous deux traduits par Karen Loukes avec, à chaque fois, des commentaires critiques intéressants du Professeur Ian Thompson. Ajoutons à cela deux volumes parus récemment aux Etats-Unis. Le premier, en 2010, est une nouvelle traduction du Château des Carpathes par Charlotte Manell publiée sous le titre de A Castle in Transylvania chez Melville House à Brooklyn, New York. Le second, en 2011, est dû au spécialiste vernien Peter Schulman qui a traduit le manuscrit original de Verne Le Secret de Wilhelm Storitz publié par les Presses de l'Université du Nebraska sous le titre de The Secret of Wilhelm Storitz. [3]
Pour 2013, plusieurs nouvelles traductions en anglais sont prévues. D'abord, le dernier Voyage extraordinaire non traduit va l'être pour la première fois. Il s'agit de Bourses de voyage que les Presses de la Wesleyan University se péparent à mettre sur le marché dans une traduction de Teri J. Hernández sous le titre Travel Scholarships. Après la publication du Tour du monde en 80 jours (Around the World in Eighty Days) dans la traduction de Bolossy Kiralfy, sixième volume de la collection Palik Series, dont la parution est prévue pour l'été 2013, BearManor Fiction et la Société Jules Verne Nord-américaine prévoient de diffuser, toujours dans la collection Palik, des traductions d'Edward Baxter de deux oeuvres de jeunesse de Verne, San Carlos et Le Siège de Rome (The Siege of Rome).
Dans le premier volume de Verniana, j'avais écrit : “... English-language readers are now witnessing a veritable renaissance of interest in all things Vernian” (“Les lecteurs anglophones assistent actuellement à une véritable renaissance de tout ce qui touche à Jules Verne”). Depuis 2008, voyant le nombre croissant de nouvelles traductions en anglais des oeuvres de Jules Verne, c'est un plaisir de constater que cette “renaissance” continue sans faiblir.
BIBLIOGRAPHIE
I. Premières et nouvelles traductions en anglais des romans des Voyages extraordinaires :
- Jules Verne. The Green Ray. Traduit par Karen Loukes, avec une postface de Ian Thompson. Edinburgh: Luath Press, 2009.
- Jules Verne. The Castle in Transylvania. Traduit par Charlotte Manell. Brooklyn, NY: Melville House Publishing, 2010.
- Jules Verne. Amazing Journeys: Five Visionary Classics (comprenant Journey to the Center of the Earth, From the Earth to the Moon, Circling the Moon, 20,000 Leagues Under the Seas, Around the World in 80 Days). Traduit et édité par Frederick Paul Walter. Albany, NY: SUNY Press, Excelsior Editions, 2010.
- Jules Verne. The Blockade Runners. Traduit par Karen Loukes avec une introduction, des notes, et une postface de Ian Thompson. Edinburgh: Luath Press, 2011.
- Jules Verne. The Sphinx of the Ice Realm. Traduit et édité par Frederick Paul Walter. Albany, NY: SUNY Press, Excelsior Editions, 2012.
- Jules Verne. Travel Scholarships. Traduit par Teri J. Hernández, edité par Arthur B. Evans, avec une introduction de Volker Dehs. Middletown, CT: Wesleyan University Press, (prévu pour 2013).
II. Premières traductions en anglais de manuscrits inédits des romans de Verne :
- Jules Verne. The Golden Volcano. Traduit par Edward Baxter avec une préface d'Olivier Dumas. Lincoln, NE: University of Nebraska Press, 2008.
- Jules Verne. The Secret of Wilhelm Storitz. Traduit et édité par Peter Schulman. Lincoln, NE: University of Nebraska Press, 2011.
- Jules Verne. Shipwrecked Family: Marooned with Uncle Robinson. Traduit par Sidney Kravitz, edité et avec une introduction de Brian Taves. Albany, GA: BearManor, Palik Series, 2011.
III. Premières traductions en anglais d'autres oeuvres de Verne (nouvelles, pièces, manuscrits, etc.) dans la Palik Series :
- Jules Verne. The Marriage of a Marquis (comprenant The Marriage of Mr. Anselme des Tilleuls and Jédédias Jamet, or The Tale of an Inheritance). Traduit par Edward Baxter et Kieran M. O’Driscoll, edité et avec d'autres contributions par Brian Taves, Walter James Miller, et Jean-Michel Margot. Albany, GA: BearManor, Palik Series, 2011.
- Jules Verne. Mr. Chimp and Other Plays (comprenant The Knights of the Daffodil [The Companions of Marjoram], Mr. Chimpanzee, The Adoptive Son, and Eleven Days of Siege). Traduit par Frank Morlock, edité et avec des notes de Brian Taves, avec une introduction de Jean-Michel Margot. Albany, GA: BearManor, Palik Series, 2011.
- Jules Verne. The Count of Chanteleine: A Tale of the French Revolution. Traduit par Edward Baxter, avec des notes par Garmt de Vries-Uiterweerd, postface de Volker Dehs, édité et avec une introduction de Brian Taves. Albany, GA: BearManor, Palik Series, 2011.
- Jules Verne. Vice, Redemption and the Distant Colony: Stories by Jules Verne and Michael Verne (comprenant Pierre-Jean, The Somber Fate of Jean Morénas, and Fact-Finding Mission). Traduit par et avec des notes de Kieran M. O’Driscoll et édité par Brian Taves. Albany, GA: BearManor, Palik Series, 2012.
- Jules Verne and Adolphe D’Ennery. Around the World in 80 Days - The 1874 Play (comprenant Verne’s essay “The Meridians and the Calendar” traduit par Jean-Louis Trudel). Traduit par Bolossy Kiralfy, avec une introduction de Philippe Burgaud, notes de Jean-Michel Margot, et édité par Brian Taves. Albany, GA: BearManor, Palik Series, (prévu pour 2013).
- Jules Verne. Bandits and Rebels: San Carlos and The Siege of Rome. Traduit par Edward Baxter, avec une introduction de Daniel Compère. Albany, GA: BearManor, Palik Series, (prévu pour 2013).
NOTES
- Arthur B. Evans. “Jules Verne in English: A Bibliography of Modern Editions and Scholarly Studies.” Verniana Vol. 1 (2008-09): 9-22. ^
- Comme je l'ai expliqué en 2009 dans un rapport à propos de la controverse “Jules vs. Michel”, ( “Jules vs. Michel Verne Controversy” (http://www.depauw.edu/sfs/review_essays/evans108.htm), de nombreux Verniens ont été choqués, dès les années 1980, d'apprendre que Michel avait (ré)écrit un certain nombre d'oeuvres de son père et ont réagi avec indignation à ce fait. Ils ont par la suite condamné en bloc tous ces titres publiés sans tenir compte de leurs qualités individuelles. Suivant le leadership d'Olivier Dumas, président de la Société Jules Verne, leurs accusations envers les éditions “entachées” par Michel ont été si véhémentes que la plupart des romans posthumes faisant partie des Voyages extraordinaires ont été expurgés des meilleures bibliographies verniennes, comme par exemple dans http://jv.gilead.org.il/biblio/voyages.html. Personnellement, j'estime que ces diffamations unilatérales des contributions de Michel à l'oeuvre de son père sont excessives, étroites d'esprit, et historiquement myopes. Ce qui est nécessaire, à mon avis, c'est une approche plus savante et sérieuse de cette question, ainsi qu'une évaluation de l'oeuvre créative de Michel Verne. ^
- Des traductions en anglais des manuscrits originaux des romans posthumes des Voyages extraordinaires de Verne sont disponibles pour presque tous. Les seules exceptions sont Le Beau Danube jaune (le titre original de Verne de 1908 est Le Pilote du Danube [tranduit par I.O. Evans sous le titre The Danube Pilot en 1967]) et le roman de Verne de 1907 L’Agence Thompson and Co. (traduit par I.O. Evans sous le titre The Thompson Travel Agency [en 2 volumes : Package Holiday et End of the Journey] in 1965), pour lequel aucun manuscrit connu de Jules Verne n'existe. Le manuscrit original du dernier roman des Voyages extraordinaires de Verne L’Étonnante aventure de la mission Barsac (1919, traduit par I.O. Evans sous le titre The Barsac Mission [en 2 volumes : Into the Niger Bend et The City of the Sahara] en 1960) contient seulement cinq courts chapitres et quelques notes avec le titre provisoire de Voyage d’études (récemment traduit par Kieran N. O’Driscoll sous le titre Fact-Finding Mission et publié dans le volume Vice, Redemption and the Distant Colony de la Palik Series en 2012). ^